Jane, suite au décès de sa tante, récupère un appartement en location avec un loyer extrêmement avantageux. Souhaitant garder un peu d’indépendance, elle annonce à son petit ami Greg, célèbre présentateur météo à la télévision, son intention d’y vivre seule. Suite à son emménagement, elle rencontre une voisine peu discrète qui lui apprend les règles de vie de l’immeuble, insistant sur le fait que le calme doit régner. Jane, en pleine décoration de son nouveau chez elle, usant du marteau et déplaçant ses meubles, commence à trouver des notes, tapées à la machine, devant sa porte. Elles semblent venir du voisin habitant l’étage en dessous. D’abord de simples avertissements contre le bruit qu’elle produit, les messages vont se faire plus menaçants et des événements étranges vont commencer à se produire.
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Qu’est-ce qu’un immeuble sinon un microcosme, où chacun doit faire avec l’autre, et où même en étant chez nous, nous devons toujours composer avec notre voisinage. Supporter et être supporté, faire des efforts et attendre la même chose des autres, voilà sur quoi reposent les fragiles fondations de cette vie communautaire. Il suffit d’un petit rien, d’un élément perturbateur pour que cet équilibre précaire soit remit en cause, et pour que notre appartement devienne un “home sweet hell”.
Cet amalgame d’individus qui vivent à coté les uns des autres sans pour autant s’être choisis, représentait un potentiel cinématographique évident que certains réalisateurs ont saisit : Hitchcock, par exemple, en 1954 avec Fenêtre sur cour, Alex de la Iglesia en 2000 avec sa comédie féroce Mes Chers voisins, ou encore l’inoubliable trilogie des appartements de Roman Polanski (Répulsion en 1965, Rosemary’s Baby en 1968 et Le Locataire en 1976). Je ne cite que quelques exemples, mais si vous prenez le temps de faire quelques recherches vous verrez que la liste est longue : quand un filon est bon, on l’exploite !
Entre les mains du 7ème art, les immeubles deviennent donc des lieux dangereux, voir mortifères, où le visage familier de nos voisins peut cacher le pire des manipulateurs, le plus dangereux des meurtriers ou le plus pervers des voyeuristes.
Le 4ème Étage est un thriller du scénariste et réalisateur Josh Klausner, un homme à la carrière relativement anecdotique (son seul fait de gloire étant d’avoir co-scénariser Shrek 4 : Il était une fin). En effet peu connu, Le 4ème Étage n’est pourtant pas inintéressant. Il distille une ambiance pesante et sa montée en tension est plutôt bien gérée. D’abord face de simples mises en garde, Jane va ensuite subir le vrai travail de sape d’un voisin ayant une définition personnelle du vivre ensemble.
Ici, pas de cadavre de chat cloué sur la porte, ou de corps retrouvé dans son placard, le film ne verse jamais dans le spectaculaire et c’est une de ses forces : les événements que va subir l’héroïne sont d’autant plus inquiétants qu’ils ne sont pas surréalistes. Le tout nous dirige vers un final beaucoup plus frontal et violent que l’on pourra d’ailleurs trouver décevant, mais c’est le propre de ce genre de scénario : l’histoire est toujours plus intéressante lorsque l’on soupçonne tout le monde, qu’une fois que le coupable nous est révélé.
La dernière image du film laissera malgré tout supposer quelque chose de plus complexe qu’on ne l’aurait pensé.
Pour jouer le rôle de Jane, nous retrouvons la comédienne Juliette Lewis, une actrice souvent intéressante dans ses choix de projets (Les Nerfs à vif de Martin Scorsese, Kalifornia de Dominic Sena, Tueurs nés d’Oliver Stone, Une nuit en enfer de Robert Rodriguez). Elle livre une bonne prestation dans un personnage sur le fil du rasoir, alternant peur et rage.
Face à elle, William Hurt (l’excellent Au-delà du réel de Ken Russell, Dark City d’Alex Proyas) qui joue Greg le petit-ami, pourtant bon comédien, est ici transparent et sans intérêt.
Le reste du casting est composé de la formidable Shelley Duvall (Shining de Stanley Kubrick), du toujours inquiétant Tobin Bell (John Kramer/Jigsaw dans la saga Saw), et d’Austin Pendleton.
A noter, également, l’apparition de Robert Costanzo, un acteur habitué aux seconds rôles (Total Recall, 58 minutes pour vivre) que les fans de la série Friends reconnaitront puisqu’il y jouait le père de Joey Tribbiani.
Sorti en 1999, Le 4ème Étage est passé relativement inaperçu. Il ne connaîtra les honneurs du grand écran que lors d’un festival en Allemagne, et sera exploité directement en video dans la plupart des pays, y compris aux USA. Il faut dire que la décennie 90 fut celle du thriller, jugez du peu : Misery de Rob Reiner, Le Silence des agneaux de Jonathan Demme, Seven & The Game de Fincher, Basic Instinct de Paul Verhoeven, Les Nuits avec mon ennemi de Joseph Ruben, JF partagerait appartement de Barbet Schroeder, Sliver de Phillip Noyce, Témoin Muet de Anthony Waller, Copycat de Jon Amiel, Fenêtre sur Pacifique de John Schlesinger, Malice de Harold Becker, Jennifer 8 de Bruce Robinson…
Beaucoup de films dont certains deviendront des classiques, et d’autres, produit par pur opportunisme, qui tomberont dans l’oubli. Reste qu’avec une offre aussi pléthorique, Le 4ème Étage n’avait pas suffisamment d’arguments pour se démarquer.
Tout réussi qu’il soit dans sa construction, le métrage de Josh Klausner manque cruellement d’originalité. On ne peut s’empêcher d’avoir un profond sentiment de déjà-vu, on connait les ficelles de ce genre de scénario, on soupire devant cette amalgame de personnages tous caractérisés pour avoir l’air coupable.
Fade dans son histoire, Le 4ème Étage l’est tout autant sur un plan technique : manquant d’audace, la réalisation de Klausner donne à l’ensemble de son métrage une impression de téléfilm de luxe. Si l’on excepte la photographie de Michael Slovis, travaillée et arrivant à mettre en valeur les décors pourtant faiblement éclairés, le film peine à être satisfaisant et manque cruellement d’ampleur.
En terrain connu et baignant dans la platitude, le spectateur suivra donc le film peut-être avec intérêt mais certainement sans passion.
Un petit thriller accessoire, pas mauvais mais sans réelles prétentions.
Le 4ème Étage
Titre original: The 4th Floor
1999 – USA – 86mn
Réalisation: Josh Klausner
Genre(s): Thriller
Acteur(s): Juliette Lewis, William Hurt, Shelley Duvall

