Six femmes se réveillent dans le vide sanitaire de la maison d’un tueur. Parvenant à s’extirper de là, elles atterrissent chacune dans différentes pièces de cette maison. Elles découvriront des indices leur permettant de comprendre le pourquoi de leur présence dans cet enfer.
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Après trois films passés relativement inaperçus, l’américain Phil Stevens sort en 2015 Flowers. Réalisateur, Stevens est aussi un scénariste et un dessinateur ayant un gros penchant pour la peinture ou le dessin horrifique (en témoignent plusieurs de ses oeuvres que vous pouvez voir sur sa page Facebook). Artiste indépendant, oeuvrant dans un registre horrifique underground, c’est avec ce Flowers que l’homme va commencer à se tailler une réputation dans le milieu. Mais plus qu’un nouveau film extrême ou gore, il est clair que Flowers est une oeuvre beaucoup plus complexe, avec beaucoup plus d’ambitions.
Nous nous trouvons devant un film à la croisée de plusieurs genres, l’horreur évidemment, l’expérimental aussi, Flowers est surtout un film contemplatif. Adoptant le parti pris du film entièrement muet, et d’un récit éclaté entre plusieurs protagonistes, le réalisateur installe un climat lourd et inquiétant, qu’il maintiendra tout le long de son métrage.
Rien ne nous est expliqué du scénario, le film s’ouvrant sur une femme rampant dans un conduit répugnant, tentant de se frayer un chemin dans des restes humains en décomposition.
Le ton est donné : Flowers est un film sale, poisseux, et anxiogène. Nous découvrirons l’histoire, ou plutôt les histoires de ces femmes en même temps qu’elles à travers les différentes pièces de cette maison à l’ambiance mortifère.
Prenant la forme d’un huis clos entre ces six femmes et ce tueur qu’on apercevra de manière fugace, le film souffre de son concept : suivre une des femmes dans sa quête de réponses, puis une autre, puis une autre, puis une autre…pour arriver à un final, totalement prévisible, et que la plupart des spectateurs auront tôt fait de deviner.
Il est clair que le scénario n’était pas ce qui intéressait le plus Phil Stevens, envisageant son film plus comme un voyage, une immersion totale dans un purgatoire désespéré.
Certains reprocheront au film de s’intéresser plus à la forme qu’au fond et ils n’auront pas tort. Rentrer ou pas dans un tel film dépend de la sensibilité de chacun.
La réalisation totalement maîtrisé, la photographie parfaitement travaillée sachant mettre en valeur les décors ( tous réussis, un point fort de ce film) donnent à certains cadres une impression de poésie macabre comme une succession de tableaux morbides en mouvement.
En parfaite adéquation avec les images du réalisateur, la bande originale de Mark Kueffner est elle aussi une des grandes réussites de ce Flowers : parfois baroques, souvent plus atmosphériques, certaines pistes ne sont pas sans rappeler le travail de certains artistes oeuvrant dans la dark ambient. Elle parvient à renforcer le climat suffocant et angoissant du métrage.
Nous tenons une oeuvre indéniablement originale, un film assez unique et captivant pour ceux qui arriveront à se laisser bercer. Les amateurs de gore en auront pour leurs frais, mais même si le métrage se permet quelques fulgurances du plus bel effet (à noter que les effets spéciaux sont tous des plus réussis), l’intérêt de ce film est bel et bien à chercher ailleurs. Oeuvre intimiste, riche, profondément esthétique, Flowers dénote dans le paysage du gore underground.
Au risque de me répéter, rentrer ou pas dans un tel film est une affaire de sensibilité. Flowers ne fera clairement pas l’unanimité : les partis pris du réalisateur, le rythme assez lent du métrage, le scénario rachitique font que le film laissera beaucoup de monde au bord de la route.
Je pense que tous les amateurs d’un cinéma étrange et différent devraient tenter ce voyage, pour ma part je suis plus que conquis.
Flowers
2015 – USA – 78mn
Réalisation: Phil Stevens
Genre(s): Horreur, Gore/Extrême, Expérimental
Acteur(s): Krystle Fitch, Anastasia Blue, Colette Kenny Mckenna

