Un policier est tué lors d’un contrôle routier. Première arrivée en renfort sur les lieux, Renee va vite comprendre que quelque chose de mystérieux entoure cette mort. Cette policière, encore sous le choc des décès tragique de son jeune fils, va commencer à mener son enquête.
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Que les plus récalcitrants au found footage se rassurent, Body Cam n’est pas un nouveau représentant du genre. La caméra mentionnée dans le titre fait allusion au dispositif vidéo que portent les forces de l’ordre américaines sur le torse et qui a pour but d’apporter transparence et sécurité dans leurs interventions mais également de fournir des preuves en cas de problèmes. Ces caméras ont été mises en place pour de bonnes raisons, mais les enregistrements ont parfois fuité, faisant les choux gras des médias et mettant en exergue nombre d’erreurs ou de bavures.
Le scénariste Richmond Riedel s’est sans doute dit qu’il tenait là un bon point de départ pour le scénario Body Cam, mélangeant intrigue policière, thriller, drame, mais aussi horreur : l’histoire démarrant par un meurtre on ne peut plus étrange et nous laissant rapidement comprendre qu’un fantôme est dans la place et qu’il souhaite en découdre avec les flics.
Malheureusement Body Cam, à trop vouloir jongler avec les différents genres qu’il aborde échoue à les lier correctement. Si le drame et le thriller arrivent à cohabiter, il n’en est pas de même pour la partie horrifique : agissant comme un intrus essayant de s’introduire de force dans un ensemble qui finalement n’avait pas vraiment besoin de lui. Un manque d’équilibre et de cohésion qui se fait rapidement sentir, où les séquences d’horreur, pourtant très efficaces, cassent trop souvent le rythme tout en se montrant quelque peu incongrues avec leur violence sèche qui tranche avec le reste du métrage.
Body Cam aurait-il du faire l’impasse sur toute sa partie fantastique ?
Il aurait surtout fallu que Richmond Riedel, et Nicholas McCarthy qui a été embauché pour réécrire le script, travaillent un peu plus judicieusement à son intégration. En l’état actuel, le métrage fonctionnerait presque mieux si on évacuait toute cette histoire de fantôme vengeur.
Une écriture empreint de maladresse qui se ressent également dans le développement narratif du film, faisant preuve trop souvent de facilité et cousant son intrigue de fil blanc. Le spectateur n’aura pas besoin de trop réfléchir devant Body Cam, et pourra même voir venir les rebondissements. Dommage, car le scénario, malgré ses lacunes, fait preuve d’une certaine audace, abordant des thèmes sensibles tels que la corruption et les bavures dans la police ou encore les tensions raciales. Mais peut-être par frilosité, tout cela ne reste qu’une toile de fond, et n’est jamais suffisamment développé et utilisé.
Un film ni engagé ni politique donc, qui ne cherche pas à être autre chose que du divertissement correctement emballé.
Malik Vitthal, le réalisateur, rend un travail plutôt soigné et maitrisé techniquement : certaines scènes qu’il compose sont extrêmement réussies, les cadres souvent pertinents, et l’ambiance bien rendue. Les quelques scènes d’horreur, comme l’attaque au supermarché ou la visite de la maison abandonnée, font preuve d’une réelle efficacité dans la gestion de la tension. Sa réalisation s’adapte aux différentes séquences de son film, tantôt prise sur le vif et sans fioriture, tantôt plus calme et posée.
Body Cam peut également compter sur un casting sérieux, allant piocher dans des habitués des seconds rôles du petit et du grand écran : David Zayas (Skyline, la série Dexter), Nat Wolff (Death Note, la futur série Le Fléau), David Warshofsky (Taken).
Mais la vraie révélation du film reste Mary J. Blige qui livre une excellente prestation dans le rôle de Renee. Elle se montre extrêmement convaincante, nous faisant ressentir toute la douleur de cette mère ayant perdu tragiquement son enfant. Un rôle de flic à la fois vulnérable mais forte, déterminée mais doutant souvent d’elle-même. Mary J. Blige, que beaucoup connaissent plus pour sa carrière de chanteuse, porte ici le film sur ses épaules.
Un excellent choix donc, et un réalisateur pas manchot, au service d’un film qui malgré ses maladresses, et un certain laxisme dans son écriture, se montre on ne peut plus agréable. Il est tout de même regrettable que le film n’est pas voulu/su exploiter le contexte social dans lequel il se place, comme l’avait si bien fait Bernard Rose avec son Candyman.
Un peu trop inoffensif, Body Cam est un film balisé qui ne bousculera pas son public, mais il n’en demeure pas moins relativement efficace et intéressant.
Body Cam
2020 – USA – 96mn
Réalisation: Malik Vitthal
Genre(s): Drame, Horreur, Thriller, Fantôme
Acteur(s): Mary J. Blige, Nat Wolff, David Zayas
