Un homme se réveille prisonnier dans une pièce où se trouve un écran diffusant des videos présentant des hommes et des femmes en proie aux pires souffrances. À la fin de chacune d’elles un des murs de son cachot se rapproche, risquant à terme de l’écraser.
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Nous avions déjà évoqué sur Movies From The Crypt le réalisateur italien Davide Pesca via un article sur la compilation After Midnight pour laquelle il avait réalisé un des courts-métrages (The taste of Survival) et où il partageait l’affiche avec de nombreux créateurs. Cette nouvelle review sera l’occasion d’une autre incursion dans son univers avec un métrage où il est, ce coup-ci, le seul maître à bord.
Tales From Deep Hell se présente comme une anthologie horrifique ayant pour fil rouge cet homme prisonnier qui par le biais d’un écran sera, bien malgré lui, le témoin des différents segments qui la compose. Une oeuvre centrée sur la douleur, le plaisir, mais aussi l’autodestruction. À l’avenant du reste de sa filmographie, Pesca nous offre un film comportant son lot d’atrocités et qui plonge son spectateur dans un univers fait de tortures, de mutilations et de morts. Un petit goût d’enfer, certes, avec une galerie haute en couleur de créatures démoniaques et de personnages sombrant dans la folie.
Stripteaseuse se mutilant pour la jouissance de son client, femme meurtrière fabricant des masques de soins fait de morceaux de ses victimes, clown monstrueux s’arrachant les yeux, gamine s’adonnant au vaudou, hommes torturés par un démon ou dévorés par des soeurs zombies, voilà une partie du menu que Pesca nous a concocté.
Un voyage violent et âpre où la frontière entre souffrance et plaisir se fait toujours plus floue. Un spectacle roboratif pour tout amateur de gore, ou plus généralement de peloches un peu barrées, qui est à la fois violent, sanglant et peu farouche quand il s’agit d’étaler la tripaille. Pourtant, même si ce Tales From Deep Hell n’est pas du genre pudibon, force est de reconnaitre que le ciné underground nous a déjà offert bien pire. Les amateurs ne cherchant que des sensations fortes sont donc prévenus.
Alternant les passages gory avec d’autres beaucoup plus sages et contemplatifs, Tales From Deep Hell est surtout une affaire d’ambiance. Les effets gores ne sont pas la vedette mais un moyen pour renforcer le coté sombre et morbide du métrage. Il faut, d’ailleurs, noter que la plupart des effets spéciaux sont une réussite, les maquillages et les prothèses sont souvent saisissants. Le réalisateur a même recours, lors d’un segment (The Vice is the enemy) à 2 performeurs en body art qui livreront un show “aiguilles et crochets” intriguant et plutôt impressionnant. L’un des grands moments de ce Tales From Deep Hell, bien mis en avant sur son affiche.
Malheureusement les autres chapitres ne seront pas toujours du même niveau de qualité.
C’est l’un des problèmes récurrent d’une anthologie ou d’un film à sketches : la disparité entre les différentes histoires. Il est compliqué de réunir de manière harmonieuse toutes les parties sans que ne se fassent sentir des différences, aussi bien qualitatives que narratives, et ce même si elles sont toutes l’oeuvre d’un seul et même géniteur. C’est d’autant plus vrai avec ce Tales From Deep Hell qui pourrait laisser croire que tout fut tourné d’un seul tenant alors que non : nous sommes face à une compilation de courts-métrages, certains anciens, et d’autres réalisés pour l’occasion que Pesca parvient à lier grâce à un fil conducteur. L’astuce ne fait, hélas, pas vraiment illusion : en “recyclant” des précédents travaux, peut-être réalisés avec un autre état d’esprit ou dans des conditions différentes, il était difficile d’obtenir un tout qui se montre parfaitement cohérent et homogène.
On sent que toute la “symphonie” est dirigée par le même chef d’orchestre mais que certains “morceaux” n’ont pas reçu le même traitement. Ainsi certains courts, malgré un intérêt intrinsèque, se montrent insuffisamment développés, quand d’autres, plus anecdotiques, se permettent de jouer un peu trop les prolongations.
Malgré ces quelques scories, Tales From Deep Hell se montre efficace. D’accord l’ensemble est un peu hétéroclite, mais le savoir-faire de Davide Pesca contrebalance largement cette faiblesse : tous les courts sont soignés d’un point de vue technique et esthétique, et ce malgré le manque évident de moyen. Les effets spéciaux, mitonnés par Pesca himself, sont, outre leur réussite, bien mis en valeur. Le réalisateur arrive même à installer une certaine forme de beauté dans les scènes pourtant horribles qu’il compose. Le film est court, et cela joue en sa faveur, avec un rythme qui se montre enlevé où les histoires s’enchainent rapidement. Une fois devant le générique de fin on ne peut que constater que ce Tales From Deep Hell nous a fait passer un “agréable” moment.
Tales from Deep Hell
2018 – Italie – 76mn
Réalisation: Davide Pesca
Genre(s): Horreur, Gore/Extrême, Sketches/Anthologie
Acteur(s): Davide Menaglio, Catia Bertolini, Anna Maglia
