“Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir” nous chantait en 1966 Johnny Hallyday, des mots qui pourraient parfaitement résumer la vie du protagoniste de Weakness of a Sick Mind : licencié de son travail pour alcoolisme, abandonné par sa femme qui a également emmené leur enfant, et atteint d’une maladie incurable ne lui laissant que quelques semaines à vivre. Ce court-métrage nous fait suivre un homme qui a tout perdu et dont l’existence se résume à une plongée dans le désespoir, où, mû par sa haine envers lui-même et les autres, il s’enfermera dans une spirale d’autodestruction et de violence.
À la fois scénariste, réalisateur, producteur (via sa société Dirt’n Dust Films), et acteur principal de Weakness of a Sick Mind, Dominik Heit nous offre ici une oeuvre extrêmement personnelle qui nous fait partager les pensées et les émotions d’un homme abîmé par la vie et où la frontière entre réalité et délires se fait toujours plus floue.
Weakness of a Sick Mind détonne quelque peu avec le reste de la scène underground allemande qui nous a plus habitués à des métrages horrifiques, gores et/ou déviants, qu’à des drames. Pour autant Heit ne renie pas ses origines : Weakness of a Sick Mind respire le système D, aborde une esthétique brute et n’hésite pas à nous offrir quelques scènes un minimum sanglantes. Une affiliation encore renforcée par le caméo de l’acteur/réalisateur/producteur Günther Brandl, l’un des représentants de l’indépendant allemand dont nous avions déjà parlé dans les reviews d’Antithese et Necrophile Passion, qui joue ici le médecin porteur de mauvaises nouvelles.
Weakness of a Sick Mind dissémine des thèmes intéressants, et comporte quelques séquences purement atmosphériques ou empruntes d’une certaine forme de poésie désespérée, sublimées par les musiques composées par Jürgen Winterstein qui apportent beaucoup à l’ambiance.
On regrettera tout de même que Dominik Heit ne soit pas allé plus loin dans la violence, l’émotion ou la folie. En l’état son court-métrage se montre trop sage, donnant l’impression que son sujet est traité de manière beaucoup trop superficielle.
Un manque de jusqu’au-boutisme dans le propos qui s’ajoute à quelques doléances techniques ou visuelles. En effet, même s’il faut reconnaître le potentiel de Dominik Heit et sa réalisation plutôt efficace, l’ensemble manque de dynamique, et le montage se montre parfois erratique.
Il faut aussi ajouter que s’il s’en sort également plutôt bien dans le rôle principal, le bonhomme ne manquant pas de charisme, nombre de figurants livrent une prestation très discutable.
Ces problèmes peuvent en partie s’expliquer par le manque évident de budget. Nous sommes face à une production totalement fauchée, bricolée avec les moyens du bord, et dont le casting est sans doute issu du cercle familial ou amical du réalisateur.
Weakness of a Sick Mind est une oeuvre imparfaite et curieuse qui provoquera forcement quelques réserves. Il faut saluer l’effort de son géniteur qui a voulu tenter quelque chose de différent, et y est d’ailleurs partiellement arrivé.
Weakness of a Sick Mind
Année: 2018 ¦ Pays: Allemagne ¦ Durée: 38mn
Réalisateur: Dominik Heit
Genre: Drame, Court/Moyen Métrage
Acteurs: Dominik Heit, Günther Brandl, Claudio De Giacomo

